PAS DE LASAGNE |
Cette foutue traductrice m’avait foutue en rogne. Elle était chargée de s’occuper de toute les traductions latines et l’avait toujours bien fait jusqu’ici. Mais voilà : l’un de mes livres paru il y a six mois avait, comme à chaque fois, eu du succès et devait s’exporter en Europe. Elle devait faire son job, tout simplement. Mais lorsque, par hasard, je me baladais dans le quartier et avais eu souvenir qu’elle habitait ici, je m’étais dit qu’éventuellement, je pouvais passer voir où elle en était. Mon éditeur n’a pas cru cette version et dit que je pouvais juste pas me la blairer et que je cherchais une excuse pour la virer. Lui et ses conclusions hâtives…
Bref, passant par-là, j’ai jeté un coup d’œil à ses traductions et à ma grande surprise, elle avait changé le titre des versions espagnoles, françaises et italiennes. Je lui ai dit que ce n’était pas possible de faire ceci sans me consulter. Et j’apprends qu’elle avait consulté mon éditeur, qui ne m’en avait pas parlé. Bon, comprenez-moi, cet éditeur est le seul de cet état, voire de ce pays qui puisse me supporter, donc il est tout naturel que je ne le vire pas lui mais qu’elle prendrait pour les deux. Et au fil des pages que je ne comprenais pas, j’ai pu voir le mot lasagne. Je crois que c’était dans la version italienne. Ou française ? J’ai vu rouge. Je déteste les lasagnes. Je les hais. On dirait qu’elles me narguent à chaque fois que je les vois. J’ai l’impression de voir ce Pokemon Tadmorv dans mon assiette. Impossible de laisser une folie pareil dans mes livres. Vu que j’ai expliqué ce qui n’allait pas (en criant et en arrachant toutes les feuilles qui se trouvaient devant moi) et qu’elle n’avait pas l’air réceptive (en criant tout aussi fort), je l’ai viré. Ou elle a démissionné. Peu importe, le résultat est le même : je n’ai plus de traductrice.
Mon éditeur, surmené, et considérant que j’étais entièrement fautive (il faut toujours qu’il soit excessif dans ce genre de situation), m’a dit de trouver moi-même un traducteur, qui serait plus doué que celle que j’avais, que j’apprécierais pour éviter de nouveaux débordements et surtout pour me punir d’avoir tout foutu en l’air. J’y réfléchirai à deux fois avant de virer quelqu’un. Qu’est-ce que c’est chiant, les annonces ! Une vraie torture mentale. Tout se ressemble, aucune originalité, je finis par voir flou de fatigue et d’agacement. J’avais d’abord pour idée de trouver un super mâle, que je pourrais visiter de temps en temps pour voir s’il est aussi doué en langues à l’écrit qu’à l’oral. Quand mon éditeur a compris le stratagème, il m’a formellement interdit un homme. J’ai quel âge, huit ans ? Mais il faut avouer que les hommes sont feignants et moins pointilleux que les femmes. Et j’aime le travail bien fait.
J’ai enchaîné les entretiens mais leurs têtes me revenaient pas, jusqu’à ce que je vois l’annonce d’une femme du nom de @Maya Wilcox. J’adore ce prénom. Mon premier personnage de roman s’appelait Maya. Peu importe la tête qu’elle avait, j’avais décidé que ce serait elle et personne d’autre. Je la rencontrais une semaine plus tard, son CV était impressionnant. Vous auriez dû voir la tête de mon éditeur quand il l’a vu. Il pensait que je prendrais n’importe qui, il est furieux. Donc il ne l’aime pas trop. Mais il ne dit trop rien parce qu’elle a l’air d'être très pro.
Deux semaines plus tard, nous avions rendez-vous à l’agence éditoriale pour me montrer quelques chapitres traduits. J’espérais qu’elle n’ait pas mis de lasagnes à l’intérieur. Dans le bureau de mon éditeur, j’attrapais la plaque avec son nom pour la mettre à la poubelle. Je m’installais à sa place, oubliant que je n’étais qu’auteur et pas directrice de cette agence. Une secrétaire fait entrer Maya et je lui adresse un large sourire, ravie de voir mon petit bijou. C’était une revanche sur mon éditeur, donc forcément, j’en prenais soin.
« Bienvenue, Maya. Je peux vous appeler par votre prénom ? Installez-vous. »
Bref, passant par-là, j’ai jeté un coup d’œil à ses traductions et à ma grande surprise, elle avait changé le titre des versions espagnoles, françaises et italiennes. Je lui ai dit que ce n’était pas possible de faire ceci sans me consulter. Et j’apprends qu’elle avait consulté mon éditeur, qui ne m’en avait pas parlé. Bon, comprenez-moi, cet éditeur est le seul de cet état, voire de ce pays qui puisse me supporter, donc il est tout naturel que je ne le vire pas lui mais qu’elle prendrait pour les deux. Et au fil des pages que je ne comprenais pas, j’ai pu voir le mot lasagne. Je crois que c’était dans la version italienne. Ou française ? J’ai vu rouge. Je déteste les lasagnes. Je les hais. On dirait qu’elles me narguent à chaque fois que je les vois. J’ai l’impression de voir ce Pokemon Tadmorv dans mon assiette. Impossible de laisser une folie pareil dans mes livres. Vu que j’ai expliqué ce qui n’allait pas (en criant et en arrachant toutes les feuilles qui se trouvaient devant moi) et qu’elle n’avait pas l’air réceptive (en criant tout aussi fort), je l’ai viré. Ou elle a démissionné. Peu importe, le résultat est le même : je n’ai plus de traductrice.
Mon éditeur, surmené, et considérant que j’étais entièrement fautive (il faut toujours qu’il soit excessif dans ce genre de situation), m’a dit de trouver moi-même un traducteur, qui serait plus doué que celle que j’avais, que j’apprécierais pour éviter de nouveaux débordements et surtout pour me punir d’avoir tout foutu en l’air. J’y réfléchirai à deux fois avant de virer quelqu’un. Qu’est-ce que c’est chiant, les annonces ! Une vraie torture mentale. Tout se ressemble, aucune originalité, je finis par voir flou de fatigue et d’agacement. J’avais d’abord pour idée de trouver un super mâle, que je pourrais visiter de temps en temps pour voir s’il est aussi doué en langues à l’écrit qu’à l’oral. Quand mon éditeur a compris le stratagème, il m’a formellement interdit un homme. J’ai quel âge, huit ans ? Mais il faut avouer que les hommes sont feignants et moins pointilleux que les femmes. Et j’aime le travail bien fait.
J’ai enchaîné les entretiens mais leurs têtes me revenaient pas, jusqu’à ce que je vois l’annonce d’une femme du nom de @Maya Wilcox. J’adore ce prénom. Mon premier personnage de roman s’appelait Maya. Peu importe la tête qu’elle avait, j’avais décidé que ce serait elle et personne d’autre. Je la rencontrais une semaine plus tard, son CV était impressionnant. Vous auriez dû voir la tête de mon éditeur quand il l’a vu. Il pensait que je prendrais n’importe qui, il est furieux. Donc il ne l’aime pas trop. Mais il ne dit trop rien parce qu’elle a l’air d'être très pro.
Deux semaines plus tard, nous avions rendez-vous à l’agence éditoriale pour me montrer quelques chapitres traduits. J’espérais qu’elle n’ait pas mis de lasagnes à l’intérieur. Dans le bureau de mon éditeur, j’attrapais la plaque avec son nom pour la mettre à la poubelle. Je m’installais à sa place, oubliant que je n’étais qu’auteur et pas directrice de cette agence. Une secrétaire fait entrer Maya et je lui adresse un large sourire, ravie de voir mon petit bijou. C’était une revanche sur mon éditeur, donc forcément, j’en prenais soin.
« Bienvenue, Maya. Je peux vous appeler par votre prénom ? Installez-vous. »
(c) AMIANTE